Pâtisserie Gaudet

La pâtisserie Gaudet gît comme une créature vaincue, figée par le froid et par l'eau qui lui a ôté son dernier souffle après l'incendie. On traverse une atmosphère pesante où des machines tordues semblent poursuivre l'écho de leur ultime mouvement. Des tapis roulants s'inclinent vers le néant, les vestiaires conservent l'ombre de pas disparus, et le métal suinte des souvenirs qui ne retrouveront jamais leur chaleur. Chaque pièce porte l'empreinte d'un geste interrompu, d'une routine brisée, d'un matin qui ne s'est jamais levé. Ici, le temps ne s'est pas arrêté, il s'est défait. Il flotte comme de la poussière dans la lumière humide, s'accroche aux murs calcinés et se dépose dans l'épais silence qui règne sous les plafonds noircis. Ce lieu ne produit plus de douceur, et pourtant il libère une mélancolie lente et persistante, presque vivante, comme le faible battement de cœur de quelque chose d'oublié sous les ruines.